Le sacrifice humain chez les Aztèques by Michel Graulich

Le sacrifice humain chez les Aztèques by Michel Graulich

Auteur:Michel Graulich [Graulich, Michel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
Publié: 2015-11-26T23:00:00+00:00


3. LES SACRIFICATEURS

Dans la cité aztèque, deux groupes de personnes participaient activement au service des dieux. L'élément mâle, céleste, lumineux d'abord, représenté par les guerriers professionnels qui faisaient la guerre pour nourrir le soleil et la terre d'ennemis tués sur le champ de bataille et alimenter le temple en victimes. Au niveau gouvernemental, le tlatoani correspond aux guerriers. L'autre groupe représente l'élément femelle, terrestre, obscur. Il s'agit de l'ordre sacerdotal (teopixcayotl, tlamacazcayotl), coiffé au sommet par le cihuacoatl. Les guerriers sont des agents du soleil et de la lumière. Les prêtres représentent plutôt, dans leur ensemble, les forces telluriques.

Les deux ordres se recoupaient, s'interpénétraient. Tout comme il y avait des guerriers sacrificateurs, il y avait aussi des prêtres guerriers (Mendoza). Les seconds étaient pourtant plus qu'au service des dieux : ils les représentaient sur terre, ils agissaient en leur nom, comme les teomamaque (porteurs du dieu) des pérégrinations, ils étaient les intermédiaires privilégiés entre les hommes et les dieux.

Les dieux ont été les premiers sacrifiants et les premiers sacrificateurs, pour punir le plus souvent, mais en même temps pour faire revivre en purifiant. C'est ainsi qu'ils se sont immolés eux-mêmes ou qu'ils ont immolé les autres dieux à Teotihuacan. Laissons de côté les autosacrifices pour ne retenir que les mises à mort d'autrui.

Selon certaines versions du mythe, ce sont « les dieux » exilés qui jettent dans le feu un malheureux lépreux, ou Quetzalcoatl et Tlaloc qui créent le soleil et la lune en jetant chacun son fils dans le brasier323. Puis, dans les tardives versions mexicas, c'est Quetzalcoatl-Ehecatl, ou son double jumeau Xolotl, qui met à mort les dieux pour nourrir le soleil, agissant réellement comme exécuteur cette fois324. Il y a aussi les spectres Tzitzimime qui dépècent leur petite-fille enlevée par Quetzalcoatl et de qui naît l'agave, Quetzalcoatl qui châtie ses oncles assassins, Mixcoatl et ses frères qui tuent les 400 Mimixcoas ivrognes et impies, Huitzilopochtli qui massacre ses 401 aînés, pour ne pas parler de Tezcatlipoca, Xiuhtecuhtli le dieu du Feu, Xochiquetzal-Terre et Chalchiuhtlicue, l'Eau, qui, à la fin de chaque ère, éliminent – mais transmutent aussi – une humanité coupable.

Les dieux tuent également sans culpabilité apparente de la victime. Tel est le cas de Tlalteotl, quoique le monstre mordît de toutes ses gueules, comme une bête sauvage, ou de 2 Lapin, tué par Tezcatlipoca explicitement pour qu'il vive toujours.

Dans les mythes, les dieux qui tuent ou sacrifient sont donc d'abord et surtout Quetzalcoatl, puis Tezcatlipoca, Huitzilopochtli et enfin d'autres, occasionnels, notamment dans un cas, Tlaloc. Dans le rite en revanche, nous verrons que le sacrificateur ordinaire est étroitement lié à Tlaloc, tandis que Quetzalcoatl n'apparaît qu'aux grandes occasions, lorsque c'est le grand prêtre qui officie.

Si l'on passe aux pérégrinations, les protagonistes sont avant tout, d'une part, le dieu, Huitzilopochtli, qui guide son peuple, divisé en sept calpullis325, à partir de ce qu'on pourrait appeler son contact sur terre, le tlaquimilolli ou paquet sacré contenant ses reliques, et, d'autre part, les porteurs du dieu, « teomamaque », qualifiés aussi de guides, de pères ou d'oncles du dieu.



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